Lorsque Désacre eut accompli sa quête, elle maîtrisait l'art du Camoufflage. Ou, tout du moins, les bases de cet art.
Comme elle se hâtait pour retourner à Crissevent et assister ses compagnons dans la guerre contre les Voyageurs de Kalamaï, les nouvelles se firent surprenantes : l'avant-garde qu'elle avait dépêché aux abords de Thassopole avait été décimée à la première invasion mais... partout l'on chantait les exploits des Marcheurs des Ombres. Partout ? Non. En certains endroits, c'étaient plutôt des murmures craintifs qui parvenaient à l'oreille de l'assassine mais ces murmures n'étaient que douce mélodie pour qui sait ouvrir son coeur.
Les armées Phlégéthonen en particulier entraient dans la légende : Crissevent avait là davantage qu'un étendard, davantage qu'un symbole de puissance : Aldramech Sarabhan avait agi en virtuose et monté des plans sans faille.
Les contours exacts de Crissevent semblaient encore inconnus à nos ennemis alors que les Marcheurs avaient anéanti maintes forteresses jusque dans l'arrière-pays de Thassopole.
Information, logistique, stratégie, tactique : les Marcheurs des Ombres excellaient en tout cela !
Lorsque donc, fière de ses nouvelles compétences, Désacre revint au campement des Marcheurs, la guerre était finie. Les Voyageurs de Kalamaï avaient versé un tribut et les coffres d'Igoumen étaient pleins : il fallait emplir des grottes et des puits pour stocker tout l'or que nous avions acquis.
Aldramech, Jade, Meissner, Onacona et Oryanna étaient tous présents et Désacre ne savait comment les féliciter : ils avaient emporté cette guerre seuls et avec un rare panache.
Elle s'exprima ainsi :
"Mes amis, lorsque nous nous sommes installés en Igoumen, nous avions un rêve. Ce rêve, nous l'avons touché du doigt lors de notre guerre contre les Disciples de l'Eternel. Mais nous fûmes vaincus. Nous avons parcouru le désert sans relâche, entraînant notre corps et notre esprit pour tracer notre voie sur le sable et dans les ombres.
Aujourd'hui, ce rêve... j'ai l'impression de le tenir dans la main. Réjouissons-nous ! Méfions-nous aussi et résistons à l'illusion : la voie sur laquelle nous nous sommes engagés ne touche pas encore à sa fin.
Il est des plaisirs et des souffrances qui nous sont encore inconnus. Nous pourrons encore les découvrir !"